
Dans l’ouvrage “l’âme et la vie”, Jung écrit: “Le rêve s’occupe souvent de détails en apparence oiseux (inutiles, futiles), et il nous apparait, de ce fait, ridicule. Ou bien il est par son extérieur tellement incomprésensible qu’il excite tout au plus notre étonnement. A cause de cette première impression, il nous faut toujours triompher d’une certaine répugnance intellectuelle avant de nous décider à nous mettre sérieusement et patiemment au travail pour débrouiller cet écheveau confus. Mais lorsque nous avons pénétré le sens réel d’un rêve, nous nous apercevons, en contre partie, que nous nous trouvons au coeur même du rêveur et de ses secrets; nous constatons alors avec étonnement que même un songe insensé en apparence est, en fait, hautement significatif et, au fond, ne parle que de choses sérieuses, de la plus haute importance.”
En suivant le constat de Karl Gustav Jung (et que d’autres avaient fait avant lui), nous considérons que le recueil attentif des rêves est “la voie royale”. Les rêves nous informent de la problématique du patient à l’instant T et ils donnent la marche à suivre. Quand ils sont attentivement suivis le rythme du patient est respécté car c’est un rythme personnel. L’analyse jungienne consiste pour une large part à se laisser guider par ce que l’inconscient nous apporte et se laisser saisir par l’esprit qui anime cet inconscient.
Cette voie est une démarche thérapeutique. Elle nous relie à une source profonde en nous même. Le rêve d’un patient de Jung nous éclaire: “Le salut ne vient pas du refus de participer ou de la fuite. Il ne vient pas non plus d’un simple laisser-aller. Le salut vient d’un abandon total dans lequel le regard doit être fixé sur le centre” (Psychologie et alchimie). Le centre dont parle le rêve est un “au delà” de nous-même que la psychologie jungienne a appélé le soi. Il est ce guide, cette source qui nous conduit vers notre propre vérité. L’analyse des rêves est un moyen de nous y relier. Cela devient notre responsabilité de reconnaître cette réalité comme incontournable et necessite de l’investir pleinement. L’oeuvre, comme le dit l’ancien adage alchimique, réclame l’homme ou la femme, tout entier.